28 juin 2011: Notre avion approche de l'aéroport de Bali. Par le hublot nous voyons tournoyer une myriade de cerfs-volants évoluant gracieusement au grès du vent. Une apparition de légèreté qui sera a l'image de la douceur qui règne sur l'ile.

  Nous touchons enfin le sol de l'ile et en sortant de l'aéroport, ce n'est pas cette légèreté qui nous accueille, mais la lourdeur des assauts des locaux qui veulent nous vendre un transport. Bienvenus en zone touristique! Apres un âpre marchandage nous chargeons le taxi de nos vélos et sacoches et rejoignons Sanur, ville située dans le sud de l'ile. L'ambiance y est très touristique. La rue n'est qu'un étalage de restos et boutiques pour touristes, et les prix affichés nous font presque peurs...

  Remontage des vélos et nous voila partis pour nos derniers tours de pédales. Depuis Sanur nous rejoignons Ubud, autre gros pole touristique de l’ile. Heureusement qu’entre ces endroits détruits par un tourisme de masse nous arrivons à trouver des lieux encore authentiques ou paysages et culture locale sont encore préservés. Le début de la route depuis Sanur se fait dans un trafic dense de scooters et voitures, mais dès que nous empruntons de petites routes annexes nous parvenons à nous perdre dans la tranquillité de paysages de rizières vert tendre où les locaux travaillent, la tête recouverte d’un large chapeau pointu en bambou tressé.

  La plupart des locaux revêtent encore la tenue traditionnelle, les hommes portant un sarong noué à la taille, un fichu de tissu leur enserrant la tête. Les femmes quant à elles ajoutent à leur sarong une large ceinture de tissu, et portent une tunique souvent brodée et cintrée. La coutume veut que les rôles soient repartis de la façon suivante : Les hommes travaillent dans les champs tandis que les femmes s’occupent d’entretenir la maison s'occupent des enfants et veillent à la sérénité du foyer en déposant cinq fois par jours des offrandes devant les lieux de passage de la maison.

  Lors de notre déambulation nous observons ces femmes, qui, joliment habillées, déposent au sol et sur les petits temples à l’entrée des maisons, des petits paniers remplis de fleurs ainsi que des bâtons d’encens incandescents dont elles dispersent la fumée par des gestes lents et gracieux, un pétale de fleur coince entre l’index et le majeur. Ces cérémonies quotidiennes sont dédiées aux dieux protecteurs de même qu’elles permettent de chasser les mauvais démons des maisons, le bien être et la sérénité étant des idées maitresses dans l’art de vivre balinais.

  Lorsque nous traversons les villages, il nous est difficile parfois de discerner s’il s’agit d’un temple ou d’une maison tellement l’architecture de l’un et l’autre est semblable : Larges murs d’enceinte de pierre noire volcanique, portes sculptées, sculptures de divinités,… Les arbres et les temples sont ensserés de tissus au damier noir et blanc, illustration du yin et yang. Une réelle sérénité se dégage des atmosphères que nous traversons dans les villages isolés, et dans le sourire permanent des gens. Qu'il est doux de se faire accueillir par un large sourire des que nos yeux croisent ceux d'un local...

  Nous partons visiter les alentours de Ubud et sa campagne, déchargés de nos sacoches. Nous sommes charmés par les paysages de rizières et ses mille nuances de vert, ainsi que par les scènes religieuses ou agricoles traditionnelles que nous trouvons sur notre passage. Par contre, l’inclinaison des pentes ne nous réjouit pas, car même délestés de nos sacoches il nous faut parfois pousser les vélos !

  La suite de notre parcours nous fera emprunter une route qui grimpe directement du sud au nord sur les flancs du Gunung Agung, volcan culminant à 3142m. Pendant cette montée sévère (plus de 1500m de dénivelé positif) ou nous poussons une fois de plus nos vélos, nous avons des vues splendides sur un beau lac de cratère volcanique ainsi que des vues plus lointaines sur les deux autres volcans de l’ile. Des petits singes gris bordant la route nous regardent avancer péniblement sur ces routes étroites et chargées de scooters!

  En chemin nous assistons à une cérémonie hindouiste. Des gens ont revêtu leur plus belle parure et sont assis par terre à l’entrée du temple.  Ils ont apporté des paniers d’offrandes. Nous ne comprenons pas tout ce qui se déroule sous nos yeux, mais sentons l’importance qu’a cette bénédiction et la ferveur avec laquelle les locaux prient. 

  Apres avoir passe un col, c’est une descente sévère sur une route défoncée qui nous attend. Nous traversons des villages typiques où les scènes d’artisanat se multiplient : Confection de paniers en bambou, sculpture sur bois, confection d’ornements et de décorations en feuille de bambou pliées, enroulées, tressées, etc, servant à décorer l’entrée des maisons, etc… Les balinais ont une réelle fibre artistique et un sens aigu de l’esthétisme. Ils bricolent à longueur de temps, aiment arranger leur jardinet, décorent leurs portes, les rues, etc. D’ailleurs les mots Art et Artiste n’existent pas dans le langage balinais, simplement car, dans leur culture, l’art est inhérent à la façon de vivre et doit faire partie de chaque jour !

  La route qui nous fait traverser l’ile du sud au nord ne sera qu’une succession de montées et descentes toutes plus raides les unes que les autres, mais nous nous délectons des paysages magnifiques, comme les terrasses de Jatiluwih, classées au patrimoine de l’Unesco, que nous traversons.

  Parfois, au détour d’un village nous nous arrêtons pour écouter la douce mélodie des joueurs de gamelan.

  Apres avoir rejoint la cote nord nous poursuivons notre route vers l’ouest de l’ile, plus exactement à Permuteran où nous nous offrons deux belles plongées sur des sites aux coraux préservés et spectaculaires. De la, nous rebroussons chemin et c’est en longeant la cote, cette fois vers l’est que nous rejoignons Tulamben où nous passons quatre jours pour effectuer d’autres plongées exceptionnelles, notamment celle sur une épave de 120m (USAT Liberty Wreck).

  De Tulamben nous rejoignons Padangbai en une longue journée de vélo. Les pentes sont toujours aussi raides, mais nous longeons la mer pendant une bonne partie de la journée, et ces paysages maritimes sont très beaux : Plages de sable noir, route surplombant l’eau, bateaux à balancier alignés sur le sable, …

  Nous traversons un village où se tient une cérémonie particulière. Tout le village est rassemblé pour célébrer le passage à l’âge adulte des jeunes qui ont entre 12 et 14 ans. Plusieurs rituels sont ainsi effectués, comme par exemple le limage des dents !!! Des démonstrations de serpents sont aussi programmées, mais il se fait tard et nous devons avancer…

  Nous rejoignons Padangbai tardivement. De la nous prendrons un bateau pour quitter Bali et découvrir Lombok. Nous gardons de Bali un souvenir doux et agréable. En effet les locaux ont sû garder et préserver une culture forte et surtout leur gentillesse et leur sourire. Ce qui est  une belle prouesse et preuve d'une force et richesse intérieures importantes quand on sait que cette petite ile est touchée par un tourisme de masse delirant: 2 millions de touristes etrangers par an...  Cette frequentation sera bien evidemment la cause de ce qui nous aurons moins apprecié ici: Malgre leur gentillesse, les rapports avec les gens sont ici toujours biaises; nous sommes tres souvent associés a des portes monnaies ambulants laissant de coté la spontaneité et la veracité des rencontres. Ces relations humaines faussees n'auront jamais ete aussi pregantes depuis le debut du voyage qu'en ces lieux.

Il n'en reste pas moins que le bilan reste positif et que nous sommes heureux des decouvertes que nous aura offerte cette île.