Bangladesh for ever!

  Depuis Bangkok nous nous envolons jusqu'a Dhaka, capitale du Bangladesh. Nous arrivons le jour de la ceremonie d'ouverture de la coupe du monde de cricket, sport tres populaire au Bangladesh. Le pays est fier de recevoir cet evenement et la joie et l'effervescence se lit sur tous les visages des bangali. Un evenement qui honore le pays.

  La ville qui comprend 6 millions d'habitants sur une surface de 8km2 est une capitale atypique et bruyante. A la densite de population s'ajoute une circulation terrible: Rickshaws, velos, voitures, camions surcharges, voitures, bus tentent de se frayer un chemin avec difficulte et parfois fracas, les couloirs de circulation n'etant pas respectes. Chacun se faufile donc comme il peut, usant de klaxons et sonnettes pour annoncer son passage.

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  Nous restons deux jours pour decouvrir cette ville grouillante mais interressante. Deambuler dans les ruelles du vieux Dhaka en rickshaw restera un souvenir marquant: Les femmes arborent des tenues colorees et semblent ainsi etre tout droit sorties des contes des mille et une nuits. Les hommes revetent une sorte de jupe, large morceau de tissu a carreaux plisse a la taille, souvent porte avec une chemise. Dans les ruelles encombrees, mille petits marchands s'affairent. Devant les restaurants, les cuisiniers preparent des chapatis (sortes de petites crepes qui se mangent avec du dhal, lentilles cuites), ou des paratas (autre sorte de crepes fries).

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  Des tuniques, saris, et autres vetements multicolores sont suspendus aux devantures des boutiques. Marchands de colliers de fleurs, vendeurs d'encens s'etalent le long des trottoirs.

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  Les rickshaws decores a outrance circulent au milieu de ce desordre plus ou moins organise...

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  Apres avoir visite quelques uns des batiments de la ville nous partons pour une heure de navigation sur une embarcation typique en bois. L'eau de la riviere qui traverse la ville n'est ni plus ni moins qu'un fleuve de petrole, dans lequel les locaux se lavent ou netoyent leur linge... Les rives sont constellees de papiers et detritus... Nous touchons du doigt a quel point la capitale est polluee. L'air de la ville est lui-meme quasi-irrespirable...

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  Nous quittons la turbulante Dhaka a velo dans cette atmosphere polluee. La sortie de la ville s'avere etre difficile compte tenue de la densite du traffic, de la conduite dangereuse des bus qui slaloment entre tout ce qui se trouve sur leur chemin sans jamais utiliser le frein, et de la pollution qui nous irrite les voies respiratoires... Sur notre route, les passagers d'un bus entier se leve en une "ola" de bienvenue. Nous sommes salues de toutes parts, ce qui rend la progression encore plus difficile (meme si sympathique), car en plus de veiller a ne pas se faire renverser, il faut repondre aux "hello" qui fusent... Sur le bord de la route les usines crachent une fumee noire. Les camions qui nous doublent nous asphixient de ce que rejetent leurs pots d'echappement...

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   Heureusement, apres une soixantaine de kilometres infernaux, nous nous echappons sur de petites routes de campagne ou nous ne pedalons plus qu'en compagnie des rickshaws et des baby-bus, petits tuk-tuk electriques. Loin de la pollution des villes, la campagne est calme et preservee. Nous profitons en toute tranquilite de la diversite culturelle du pays. Les religions musulmane et indhouiste se cotoient en toute quietude. Nous troquons parfois notre "Salam" contre un "Namashkar", selon a qui l'on s'adresse. Si les journees sont paisibles, la nuit nous sommes reveilles par le chant du muezzine qui appelle a la priere, les klaxons retentissants, les aboyements des chiens, etc...

  C'est sur des petites routes de campagne que nous evoluons vers le nord du pays jusqu'a la frontiere indienne. Nos quelques 6 jours de velo sont des plus agreables. Aux paysages de rizieres vert tendre, et aux scenes agricoles ancestrales, s'ajoute de multiples rencontres humaines toutes plus riches les unes que les autres... Nous traversons de petits villages aux maisons en adobe. Chaque groupe de maisons abrite l'ensemble d'une famille sur plusieurs generations et l'ensemble des fratries.

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  Dans les champs tout le monde s'affaire a la tache. Ca travaille dur du petit matin au soir, et ce, quelque soit l'age... Enfants ou grands-parents travaillent jusqu'a epuisement: Ici la machine n'a pas encore remplace le travail manuel.

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  Les champs de riz sont mis en eau grace a des pompes que l'on actionne avec les pieds. Parfois ce sont des puits desquels il faut tirer des seaux d'eau a la force des bras qui servent a irriguer les rizieres. Le laboure est  fait grace a une charrue tiree par deux buffles. La recolte est faite a la main. Un ensemble de techniques ancestrales bien rudes...

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  La vie des locaux est une vie tres difficile. Chaque tache effectuee demande des efforts incommensurable, que ce soit en ce qui concerne les taches agricoles ou le transport de charges impressionnante qu'il faut trainer sur son velo et faire avencer a l'aide d'une simple vitesse...

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  Petits ou grands se tuent au travail, et il n'est pas rare de voir des enfants en bas age travailler dans les champs, alors qu'ils serait preferable de les voir assis sur les bancs de l'ecole... Des usines de briques parsement souvent le paysage. Celles-ci sont fabriquees pour etre detruites! En effet, les bangali reduisent a la main ces briques en petits morceaux, a l'aide d'un petit marteau, car au Bangladesh il n'y a pas de cailloux! Comme seule compensation a la rudesse de ces vies eprouvantes, les bangali machent a longeur de temps des feuilles de betel utilisees comme stimulant, antiseptique, et pour rafraîchir l'haleine. Ces feuilles donnant a la salive une couleur rouge foncee sont aussi utilisees pour traiter les maux de tête, l'arthrite et les rhumatismes. Autant dire qu'avec les travaux de force effectues tous les jours par les locaux, sa consommation est plus qu'importante dans le pays. Une bien pauvre compensation pour les efforts fournis, alors que 90% des familles du pays n'ont pas de quoi se nourrir le soir apres ces journees arrassante, et s'endorment le ventre vide pour recommencer les memes travaux infernaux le lendemain...

  Meme dans les petits villages de campagnes les femmes restent toujours tres bien habillees. Leurs tenues flamboyantes, brillantes et multicolores se detachent sur le vert des champs environnants. Le tout cree une palette de couleurs impressionnante.

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  Dans leurs parures locales, les femmes se cachent le visage d'un revers de tissu a notre passage. Mais des que nous nous arretons, le voile tombe, la discussion s'engage et meme si parfois les mots nous manquent pour pouvoir nous faire comprendre, les regards et les sourires suffisent a exprimer que nous sommes heureux de les rencontrer, et qu'ils sont fiers et contents de savoir que nous avons fait le choix de visiter leur pays...

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  Des que nous nous arretons, que ce soit sur la route ou dans les villages, un attroupement se forme autour de nous. Les gens, curieux de voir arriver deux touristes, qui plus est sur des velos, accourent a notre rencontre. Toujours avec beaucoup de respect, et en menageant une distance physique, on nous demande d'ou l'on vient, ce que nous exercons comme profession, nos noms, notre pays d'origine (quand nous repondons:"France", des "aaaah" d'exclamation sortent spontanement, denotant le fait qu'ils ne savent parfois pas ou ce pays se trouve...!), etc. Les discutions sont parfois assez longues car meme dans les parties les plus reculees nous avons toujours rencontre, a notre plus grande surprise, quelqu'un qui parle anglais. Et pour continuer la discution, on nous propose tres souvent de bien vouloir accepter une tasse de the, ce que nous faisons avec plaisir. Combien de fois nous a-t-on propose a manger, a boire, une tasse de the, et parfois meme l'hospitalite, comme chez notre ami Reza chez qui nous avons mange et dormi...

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  La tete pleine de tous ces souvenirs, nous quittons le Bangladesh a regret, le coeur pince, la larme a l'oeil. Notre sejour dans ce petit pays au grand coeur aura ete bien court, mais tellement enrichissant. Nous avons tisse davantage de liens humains en une semaine de voyage au Bangladesh qu'au court de nos derniers six mois de voyage... Des chiffres qui en disent long sur la richesse humaine qui regne au Bangladesh, pays encore authentique. Le constat est encore une fois le meme: Nous nous rendons compte que c'est dans les pays non-touristiques que nous passons les meilleurs moments de voyage, loin de la pollution du tourisme de masse qui fait parfois des ravages. Ici, on n'est pas un touriste, des que la discution est entamee, on devient un frere, on fait presque partie de la famille... Sur la route on nous apostrophait souvent avec les doux noms de "Brother" ou "Little sister"... Alors comme le dit le slogan local, on n'a qu'un conseil a vous donner:" Venez decouvrir le Bangladesh avant les touristes!"