De Tongren a Labrang.

  Nous quittons Tongren apres avoir rempli nos sacoches de bons petits gateaux et pains faits par les Ouighours. Comme a l'accoutumee dans de nombreux villages traverses, ce sont eux qui detiennent les boulangeries ou les restaurants dans lesquels on mange de tres bons plats de pates faites maison... Pour accompagner notre pain nous ajoutons a notre pique-nique des pates de poulets cuites achetees sous vide, et des sortes de saucisses sous plastique, qui ont d'ailleurs davantage le gout de leur emballage qu'un gout reellement reconnaissable! Quelques bananes pour le dessert et nous voila prets a prendre la route pour labrang (Xiahe en Chinois, puisqu'ici les villes portent toujours deux noms: Celui de leur origine tibetaine, et celui de leur bapteme chinois.)
Nous roulons sur une petite route tranquille, et traversons des villages entierement tibetains. Les jours precedants certains villages etaient decoupes en quartiers chinois, ouighours, ou tibetains, chacun occupant une partie de la ville. Ici, nous entrons dans un univers qui n'est plus le meme. Nous troquons donc notre "Ni Hao" passe-partout dans le pays pour un "Tashidelek" local qui veut dire bonjour en tibetain. A ce mot, les regards s'illuminent, et la reponse courtoise se fait rapide et enjouee. Partout les gens affichent un sourire qui nous touche, des pouces se levent en guise de bienvenue et d'encouragement, les chauffeurs de motos, tuk-tuk et camions usent de leur klaxons pour nous saluer: Autant de gestes sympathiques qui nous aident bien alors que la route ne cesse de monter...
  Nous roulons dans un paysage de couleurs contrastees: Le rouge de la roche vient rencontrer le vert des collines herbeuses.

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  Pres des villages typiques aux maisons de toits plats, c'est l'ocre-jaune qui prend le dessus. Nous sommes en pleine periode de moissons, et les champs fauches sont parsemes de bottes d'orge qui tentent de secher entre deux averses. Dans les villages c'est sur les trailles verticales immenses que repose cette cereale, a l'air libre, dans la cour des maisons. Tout le monde s'affaire a la tache, certainement en prevision de l'hiver, l'orge servant a confectionner la tsampa (farine d'orge melangee a du sucre, du beurre de yak et de l'eau chaude), base de la nourriture locale.

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  Sur la route, nous croisons deux moines qui effectuent une Kora. Ceux-ci font le tour d'une montagne sacree a pieds, s'allongeant sur la route a chaque metre parcouru. Cette pratique religieuse est impressionnante a voir. Quelle ferveur faut-il avoir pour endurer de telles douleurs physiques...

 

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  Pendant la montee au col (3300m d'altitude), un orage eclatte. Sous la pluie, puis la grele, nous cherchons a nous abritter. C'est sous le porche d'une ecloe construite avec des fonds francais (ironie du sort!) que nous trouvons abris. La gardienne de l'ecole nous invite a patienter dans sa boutique et nous offre un paquet de graines de tournesol a grignotter en attendant l'acalmie.
  Nous reprenons la route pour franchir les derniers mais difficiles lacets qui nous permettent s'atteindre ce col. La, des locaux a moto sont arretes. A ces passages d'altitude se trouvent generalement des ensembles de drapeaux a prieres. Les gens s'arrentent en ces lieux pour y lancer des petits papiers imprimes d'iconographie bouddhiste (un cheval au galop) , autant de prieres transportees par le vent.

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  Nous terminons notre etape a Garze, petit village tapi en fond de vallon. Il fait tres froid. Nous passons la nuit dans une petite chambre au fond de la cour d'une maison tibetaine, seul "hotel" existant.
  Au reveil, les montagnes environnantes sont saupoudrees de neige. Finalement, que cette chambre etait confortable!
  Les velos charges, nous partons visiter le monastere du village. De forme plus sobre que celui de Tongren, ce monastere abrite environ 400 moines. Nous sommes accueillis par trois moines qui nous proposent d'entrer. Dans un petit patio, des moinillons sont en train de lire leur livre de prieres en de balancant d'avant en arriere pour rythmer leur lecture. Nos hotes nous font visiter leur lieu de vie: Piece a vivre et a dormir, coin cuisine, l'ensemble confectionne en bois est tres chaleureux, mais extremement depouille, pour nos yeux d'occidentaux habitues a mille objets superflus...

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  Du village nous entamons une severe montee a un col de 3600m d'altitude. Les prairies sont remplies de tentes de nomades, et les troupeaux de yaks et moutons ponctuent ainsi l'espace de mille petites taches noires et blanches. Avant d'enchainer la montee a un dernier col (3400m), nous roulons de front avec des caravanes de yaks, qui charges de ce qui avait servi au campement, redescendent des montagnes.

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  L'arrivee a Labrang nous choque quelque peu. Nous sommes loins des espaces paisibles que nous venons de traverser. La ville est un reel chantier. Les constructions d'immeubles a etages vont bon train... Nous avancons dans un nuage de poussiere pour nous rapprocher du quartier tibetain et du monastere et prendre possession d'une chambre d'hotel.

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 Le lendemain nous visitons la ville-monastere de Labrang. Cette citee religieuse est habitee par plus de 1000 moines. De nombreux pelerins viennent ici comme les catholiques de chez nous iraient a Lourdes. Ce monastere est le coeur de la religion bouddhiste dans cette partie du Tibet, au meme titre que l'est Lhasa pour la region autonome du Tibet. De nombreuses disciplines sont etudiees: Philosophie, medecine, astronomie,... Ici vit le Panchen Lama, enfant de 9ans elu pour prendre la suite du D-L. Celui-ci recoit un enseignement special. Lorsque nous visitons les lieux, le gouvernement chinois effectue simultanemment une visite officielle. Nous remarquons que toutes les photos du D-L ont ete retirees des temples...
L'ensemble de la cite est immense. Les murs d'enceinte qui l'entourrent sont jalonnes de moulins a prieres que les gens font tourner toujours dans le sens des aiguilles d'une montre. De meme, dans le meme sens de rotation, les pelerins effectuent le tour de la cite ou des stupas.

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  Nous assistons une fois de plus aux prieres, pendant lesquelles nous voyons defiler des pelerins tibetains, descendus de leur montagne pour venir faire des offrandes, et deverser des sommes d'argent importantes, dans l'espoir de voir ainsi leurs prieres exaucees...


 

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  Notre guide nous explique que les pratiques liees aux cimetieres celestes se font de plus en plus rares. Les bouddhistes defunts, normalement decoupes en morceaux et livres aux rapaces, sont desormais insineres, cela venant du fait qu'il y a de moins en moins d'oiseaux. A l'etonnement du moine sur la disparition progressive des volatiles, nous avons malheureusement une reponse que nous nous gardons de lui donner: La pollution environnante y est certainement pour quelque chose...