Avant de dire au revoir au Laos, ou nous avons passe plus d'un mois, nous allons voir les rapides crees par un denivele important dans le lit du Mekong. Ces rapides sont impressionnants.

  Apres avoir profite de ce torrent, c'est malheureusement une douche froide qui nous attend a la frontiere entre le Laos et le Cambodge. Les deux douaniers lao veulent nous soudoyer 2 dollars pour le simple fait d'apposer le tampon de sortie du pays. Nous refusons et pretextons que nous n'avons pas de dollars. Derriere nous une quarantaine de touristes sortis de leur bus climatise attend, etonnes de nous voir ainsi reagir, et nous proposent meme de payer pour nous!  Notre surprise est d'autant plus grande que personne ne reagit et ne nous suit dans notre refus, alors que la somme est reclamee de facon illegale! Nous nous battons jusqu'a obtenir un rabais (!), mais partons le coeur lourd, frustres, en nous faisant la reflexion qu'a plus de quarante personnes, si tout le monde avait refuse de payer, nos deux douaniers vereux auraient ete bien ennuyes! Aaaaah, la peur de l'uniforme! Quarante passeports a 2 dollars, multiplies par 10 bus de touristes dans la journee... Ca fait un salaire (illegal) sympathique a la fin de la journee! Si seulement l'argent recolte servait a nourrir les laotiens les plus demunis...Nous n'hesiterons pas a faire remarquer a ces deux "officiers" qu'ils sont une honte pour l'image de leur pays!
Meme sketch cote Cambodge. Il faut soit disant payer pour le controle sanitaire, qui consiste a la prise de notre temperature... -"36 degres 6. Tout va bien, vous pouvez passer, mais... 1 dollar, merci!" Nous ne payerons pas...Et si on avait eu 40 de fievre? Ca aurait ete plus cher?

   Nous voila au Cambodge.

  Plaine desolee, champs de mines, peu de population et de villages, pauvrete font partie du paysage jusqu'a Stung Treng, ou nous attendent une fois de plus Julie et Arno. Nous mangeons ensemble notre premier Amok, plat local compose de poulet ou poisson baignat dans du lait de noix de coco, et agremente dépices et de branches de citronnelle. C'est delicieux.
   Depuis Stung Treng nous essayons de suivre la Mekong au plus pres, ou les paysages sont bien plus interressants que sur la route 7. Nous traversons de petits villages du bout du monde ou nous profitons de la vie rurale et de la vie en bord de fleuve.

  Mais notre piste s'ameunuise de plus en plus et devient tres vite  un cul de sac. Il nous faut donc rebrousser chemin et rattraper la monotone route 7. Heureusement  la soiree galettes de ble noir sur rechaud, organisee au bivouac par Julie et Arno, aura raison de notre deception! (Ca a du bon de pedaler avec des normands/bretons!)
  Sur la route 7, la densite de population n'est plus la meme qu'au nord du pays. Les habitations bordent la route. La route devient presque un village qui s'etalle sur des kilometres, et quand il n'y a pas de cabanes en bois, l'espace est soit cultive, soit rempli de panneaux indiquant la presence de mines anti-personnel...! Autant dire que nous rencontrons ce soir-la quelques difficultes a trouver un coin pour planter notre tente, et que nous optons pour demander directement aux locaux le droit d'envahir leur champs.

Apres une demie-journee de velo nous arrivons a Kratie.

  De la, nous pouvons enfin longer le Mekong sur une piste qui nous amene a traverser des petits villages tres typiques. Dans ces villages nous sommes surpris de voir autant de diversite culturelle: Les temples bouddhistes cotoyent les mosquees musulmanes. La un moine en toge orange, plus loin une femme voilee vetue de noir de la tete aux pieds laissant apparaitre son regard au travers d'une fente...

  Les maisons sur pilotis et aux tuiles de bois bordent la piste. En dessous des maisons de belles vaches blanches aux pates elancees mangent le foin qu'on vient de leur donner. Une charrue debordant de canne a sucre, tiree par un petit cheval au harnais decore, nous depasse.

  Les enfants nous lancent mille "hellooooo" ou des "Hello-my-name-is"! de facon tres chaleureuse. Parfois meme l'exitation est tellement grande qu'ils sautent sur place en hurlant!

  Nous apprecions la curiosite saine des cambodgiens qui font preuve d'ouverture, d'interet et qui viennent souvent etablir le contact en faisant l'effort d'essayer de communiquer avec quelques mots d'anglais, meme si parfois les rudiments linguistiques participent a creer une conversation surrealiste et peu constructive, comme avec cette jeune fille qui me lance:
-"Hello. What is your name?"
Ce a quoi je reponds:
-"My name is Sandrine. And you?"
Ce a quoi elle me repond:
-"And you?"
-"??????"
-"And you? What is your name?"
-"And you? What is your name?"
-"!!!!"
  Difficile donc parfois d'echanger plus que de simples mots qui d'ailleurs n'ont aucune signification pour la personne qui les dit... Entre le savoir et la comprehension, il y a une marge...
  Le soir, nous demandons l'hospitalite dans un temple bouddhiste car les villageois nous font comprendre que nous allons nous faire egorger si nous campons dans les champs! Nous ne saurons pas si c'etait du lard ou du cochon, mais par prudence nous nous refugions sous la protection de Bouddha pour dormir!

  A 4 heures du matin nous sommes reveilles par les locaux venus prier dans le temple. Nous assistons en silence, comme dans un reve a la ceremonie.

   Le lendemain nous profitons une fois de plus de la diversite des scenes de vie qui s'offre a nos yeux avant de rejoindre Konpong Cham.
Nous rejoignons Phnom Penh apres une etape de plus de 100km. Les 40 derniers kilometres se font dans un traffic de plus en plus dense. Du haut du pont qui nous permet d'entrer dans la capitale nous appercevons des bidons-villes. Des contrastes de niveau de vie saisissants: de nombreuses ONG dont  l'UNICEF oeuvrent dans les villages traverses ces derniers jours, presence de bidons-villes a l'entree de la capitale, voitures rutilantes qui foncent dans les rues de Phnom Penh, ...